Dernière mise à jour à 09h38 le 31/01
La France a choisi un candidat de gauche traditionnel -que d'aucuns qualifient d'idéaliste- lors de la primaire de dimanche pour représenter les partis socialiste et de centre-gauche aux élections présidentielles de ce printemps. Le candidat Benoît Hamon, âgé de 49 ans, qui avait fait campagne sur le slogan « Faire battre le cœur de la France », a battu Manuel Valls, l'ancien premier ministre, dont la campagne était davantage orientée sur des politiques de libre-échange et de fermeté sur le plan sécurité. Benoît Hamon a gagné par une large marge, les derniers chiffres lui donnant 58% des voix contre 41% à Manuel Valls.
« Ce soir, la gauche maintient la tête haute ; elle regarde vers l'avenir », a déclaré M. Hamon, s'adressant à ses partisans. « Notre pays a besoin de la gauche, mais d'une gauche moderne et innovante », a-t-il ajouté. La victoire de M. Hamon a été à nouveau le signe le plus clair que les électeurs de gauche veulent rompre avec la politique du président François Hollande, qui en décembre a annoncé qu'il ne se représenterait pas. Cependant, la forte démonstration de M. Hamon ne devrait pas modifier les évaluations actuelles, qui laissent entendre les candidats de gauche n'auront que peu de chances de participer au second tour des élections générales. Le premier tour de la présidentielle est prévu pour le 23 avril et le second le 7 mai.
Le Parti socialiste est néanmoins profondément divisé, et le manque d'enthousiasme populaire en sa faveur se reflète dans le taux relativement faible de vote. Environ 2 millions de personnes ont voté dimanche au second tour des primaires, contre 2,9 millions au second tour de la dernière primaire présidentielle de gauche en 2011. M. Hamon participe à une course déjà bien représentée à gauche, avec des candidats parmi lesquels Jean-Luc Mélenchon à l'extrême gauche et Emmanuel Macron, un indépendant qui fut Ministre de l'économie dans le gouvernement de M. Hollande et qui affiche ses préférences pour le libre-échange.
La victoire de M. Hamon peut être attribuée au moins en partie à son image d'idéaliste et de candidat traditionnel de gauche qui fait appel aux électeurs des syndicats ainsi qu'à des jeunes plus respectueux de l'environnement et socialement libéraux. Contrairement à M. Valls, il s'est aussi clairement distancié de certaines des politiques les plus impopulaires de M. Hollande, en particulier celles concernant l'économie. De son côté, Manuel Valls a dit qu'il souhaitait à M. Hamon « bonne chance » dans sa tentative pour rassembler les groupes disparates de la gauche française. Mais, signe de la profondeur de la crise pour la gauche française, l'ancien premier ministre avait dit avant le vote de dimanche qu'il ne pourrait pas défendre le programme de M. Hamon. « Si ce n'est pas moi, nous ne serons pas en mesure de créer un élan, nous n'aurons pas la capacité de résister à Mélenchon ou Macron », avait-il dit vendredi dans une interview télévisée.