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Inquiétude en Allemagne après l'annonce du projet de rachat d'Opel par Peugeot

le Quotidien du Peuple en ligne | 17.02.2017 08h43

Mercredi, le Groupe PSA et General Motors (GM.N) ont mobilisé leurs dirigeants pour défendre le projet d'acquisition par Peugeot du fabricant Opel de GM contre une réaction dirigée par l'Allemagne qui pourrait faire dérailler l'accord avant même que ses termes ne soient finalisés. Craignant des pertes d'emplois, le gouvernement fédéral allemand et les syndicats -puissants dans ce pays- ont accablé de critiques le projet, confirmé par les deux fabricants mardi. De son côté, la Grande-Bretagne a également déclaré qu'elle avait contacté le président de GM Dan Ammann pour exprimer son inquiétude sur l'avenir des usines Opel au Royaume-Uni.

PSA, dont le siège est à Paris, a de son côté déclaré qu'il dépêchera son PDG Carlos Tavares pour rencontrer les dirigeants politiques et syndicaux allemands, où pourraient même se trouver la chancelière Angela Merkel en personne, à l'heure où son homologue de GM Mary Barra a visité le siège d'Opel près de Francfort. Carlos Tavares, qui devrait diriger la nouvelle entité si la transaction aboutit, « veut rencontrer les intervenants allemands d'Opel », a dit un porte-parole de PSA, ajoutant qu'aucune date n'a encore été fixée pour ces discussions. Le constructeur automobile français n'a pas fait d'autres commentaires. PSA et GM ont refusé de dire quelles réductions d'emplois, d'usines, de capacités de production ou de recherche et de développement dans le cadre du contrat en cours de discussion. Des quelque 38 000 employés de GM Europe, environ 19 000 sont en Allemagne et 4 500 en Grande-Bretagne.

Bien que peu d'informations circulent sur ses conditions financières ou opérationnelles, les perspectives d'une alliance PSA-Opel n'ont jusqu'à présent attiré qu'un faible enthousiasme auprès des investisseurs. Les actions de PSA ont même chuté de près de 1%, faisant perdre une partie des 4,3% gagnés mardi, après que certains analystes aient averti que des économies importantes seraient nécessaires pour compenser la dépendance de la société combinée sur le marché fortement concurrentiel et mature de l'Europe. Les actions de GM avaient également baissé de 1,5% à 17h30 GMT. Les économies essentielles dans la production et la recherche et le développement pourraient se révéler difficile à atteindre si les entreprises sont obligées de garantir des emplois et des sites industriels pour rassurer le gouvernement et obtenir le feu vert des syndicats. « Il y a trop de facteurs inconnus pour se montrer enthousiaste au sujet d'une transaction potentielle », a ainsi déclaré Alexander Haissl, analyste chez Berenberg.

Les questions critiques comprennent « la rapidité avec laquelle PSA peut réaliser des économies potentielles et de réduire la perte de trésorerie deGM Europe », a-t-il dit à des clients dans une note. « La restructuration des usines allemandes et britanniques pourrait se révéler difficile étant donné la pression politique en cause ». De leur côté, les syndicats allemands peuvent opposer leur veto à des décisions stratégiques en vertu des lois de co-détermination du pays. Après l'annonce de la nouvelle des pourparlers secrets, la Ministre de l'économie allemande Brigitte Zypries a dit qu'il était « totalement inacceptable » que les entreprises n'aient pas inclus des représentants des collectivités locales ou des syndicats. Berlin a néanmoins quelque peu tempéré sa position mercredi. Selon un porte-parole du gouvernement allemand, celui-ci a un « fort intérêt dans un avenir couronné de succès » pour Opel et s'engagera de manière constructive dans les discussions.

D'après le patron de GM, et selon des articles de presse confirmés plus tard par le personnel, l'alliance mettrait Opel et PSA « en mesure d'améliorer leur position sur le marché européen en évolution rapide ». La proposition d'accord a émergé l'année dernière à la suite de discussions régulières entre GM et PSA, selon deux personnes au fait de la question. Les constructeurs automobiles partagent déjà trois programmes de véhicules, qui témoignent de leur actuelle tentative de forger une alliance plus profonde.

Créée en 1862 à Rüsselsheim, au Sud-ouest de Francfort, Opel a été rachetée par les Américains de GM en 1929, qui en ont fait leur principale marque en Europe (Vauxhall en Grande-Bretagne). Le groupe compte 35 600 salariés, dont la moitié en Allemagne, et 10 usines. Avec 1,2 million de véhicules immatriculés par an, Opel souffre aujourd’hui de surcapacités et d’un portefeuille de produits relativement mince comparé à ses concurrents. Créée en 1896 à Sochaux, PSA possède quant à elle les marques Peugeot, Citroën et, depuis peu, DS. En 2016, le groupe a immatriculé plus de 3,15 millions de véhicules. Avec 184 000 salariés, il est essentiellement implanté en Europe, où il compte 10 usines d’assemblage, dont 5 en France, ainsi que 5 en Chine. L'accord pourrait lui permettre de prendre la deuxième place des constructeurs européens à Renault-Nissan, le premier restant Volkswagen.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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