Dernière mise à jour à 09h33 le 06/05
La Grande-Bretagne organise des élections locales cette semaine pour succéder à Boris Johnson comme maire de Londres, et Sadiq Khan, le candidat du Parti travailliste, est sur le point de faire l'histoire. Les élections municipales attirent rarement l'attention internationale, mais la capitale britannique n'est pas une ville ordinaire et sa mairie n'est pas une fonction ordinaire. Londres détient une emprise énorme au sein de la Grande-Bretagne elle-même, à la fois en tant que puissance économique et centre de population. Environ 1 membre du Parlement 10 provient des circonscriptions de la ville, soit plus que l'Ecosse, le Pays de Galles ou l'Irlande du Nord.
La mairie elle-même a aussi quelque chose d'une anomalie. Le système de gouvernance britannique tend à favoriser les conseils de responsables locaux et le gouvernement collectif par les cabinets de ministres. Le maire de Londres, par comparaison, est élu par des millions d'électeurs de la ville et ses banlieues environnantes. Parce que la plupart des Britanniques ne votent pas directement pour les ministres au Parlement, sans parler de la Chambre des lords ou la Reine, le maire peut prétendre détenir un mandat démocratique plus fort que tout politicien britannique autre que le premier ministre (qui lui-même n'est pas directement élu à ce poste, mais est en principe le chef du plus grand parti au Parlement).
C'est ce qui rend la candidature de l'actuel favori d'autant plus intéressant. Sadiq Khan, 45 ans, fils de d'immigrants pakistanais de la classe ouvrière qui ont fui le chaos de la partition du sous-continent indien dans les années 1940, pourrait fort bien revendiquer la victoire jeudi. Il est entré dans la vie publique comme avocat des droits de l'homme, en plaidant dans des affaires combattant la discrimination raciale et les brutalités policières, avant d'entrer au Parlement. De là, il est monté rapidement pour devenir ministre dans le gouvernement de Gordon Brown et l'opposition travailliste par la suite, avant de se lancer dans la course à la magistrature suprême de Londres.
Il serait également le premier maire musulman de la plus grande ville de l'Union européenne, une étape historique au moment où le continent, tout comme la Grande-Bretagne elle-même, se bat avec des problèmes d'identité, d'immigration et d'intégration. Sadiq Khan, pour sa part, ne considère pas son identité en tant que musulman britannique en termes binaires. « Je suis Londonien, je suis européen, je suis britannique, je suis anglais, je suis de la foi islamique, d'origine asiatique, avec un patrimoine pakistanais, un papa, un mari », a-t-il dit dans une interview au New York Times. Dans sa campagne, il a insisté sur les questions fondamentales pour les Londoniens comme le logement abordable et le transport. Mais son message global est celui du cosmopolitisme et de la diversité de Londres.