Les Philippines paieraient des tueurs à gage dans leur lutte contre le trafic de drogue

Selon une association de défense des droits de l'homme, depuis que le Président philippin Rodrigo Duterte a lancé sa guerre sanglante contre la drogue, la police du pays et les tueurs à gages qu'elle a embauchés auraient tué plus de 7 000 suspects liés au trafic de stupéfiants. Un officier d'une unité de lutte contre le trafic de drogue à Manille aurait dit à ce groupe que la police payait entre 160 et 300 Dollars US « par tête »selon que la personne tuée est un utilisateur ou un revendeur présumé. « Nous sommes payés en espèces, en secret, par le siège », aurait dit cet homme. « Il n'y a pas de primes pour les arrestations. Dans ces cas-là, nous ne sommes pas payés du tout ».

D'après le long rapport de cette organisation, publié mardi, les tueries généralisées, dont beaucoup sont commandés directement par le gouvernement, « peuvent constituer des crimes contre l'humanité » en vertu du droit international. « Ce n'est pas une guerre contre la drogue, mais une guerre contre les pauvres », a déclaré dans un communiqué Tirana Hassan, un de ses responsables. « Souvent, sur des preuves les plus fragiles, des personnes accusées d'utiliser ou de vendre de la drogue sont tuées pour l'argent dans une véritable économie de l'assassinat ».

Parmi les 7 025 meurtres liés à la drogue entre le 1er juillet 2016 et le 21 janvier 2017, la police philippine aurait été directement impliquée dans au moins 2 500 d'entre eux. En outre, des policiers auraient maquillé des preuves et falsifié des rapport, volant ceux qu'ils tuent et travaillant directement avec les maisons funéraires pour faire un bénéfice supplémentaire sur le dos des familles en deuil. Mercredi, le Secrétaire philippin à la justice Vitaliano Aguirre II a rejeté le rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme, soutenant que ces meurtres ne peuvent pas être des crimes contre l'humanité parce que les délinquants toxicomanes ne sont pas des humains. « Comment cela peut-il être lorsque votre guerre est seulement menée contre les barons de la drogue, les toxicomanes, les trafiquants de drogue ? Vous les considérez comme faisant partie de l'humanité ? Personnellement, je ne le crois pas », a-t-il dit, selon le Washington Post.

La campagne violente de lutte contre la drogue du Président Duterte aurait créé ce que le rapport appelle un « climat général de peur » aux Philippines. Et cela d'autant plus que, bien qu'il soit peu probable que les massacres anti-drogue cessent de sitôt, Rodrigo Duterte a aussi reconnu que sa police était corrompue. Lundi, après la mort d'un homme d'affaires sud-coréen, il mis un temps de côté sa guerre contre la drogue pour cibler les policiers véreux, déclarant « Vous êtes corrompus jusqu'à la moelle. C'est dans votre système. Faites le ménage dans vos rangs. Repassez leurs cas en revue, et donnez-moi une liste des mauvais éléments ».