Dernière mise à jour à 13h28 le 08/02
Bien qu'en posture défensive, l'Etat islamique (EI) n'en dispose pas moins de ressources toujours suffisantes pour poursuivre ses opérations militaires, a prévenu mardi le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, devant le Conseil de sécurité.
L'EI "s'appuie principalement sur les revenus issus de l'extorsion et de l'exploitation des hydrocarbures, même s'ils sont en baisse. Mais les Etats sont préoccupés par ses efforts pour diversifier ses sources de revenus, notamment en recourant aux enlèvements contre rançon et en sollicitant des dons", a expliqué M. Feltman.
Afin de résister à la "pression militaire", le groupe djihadiste s'adapte en s'appuyant notamment sur des méthodes de communication interne et de recrutement "de plus en plus clandestines", comme le Web profond, le cryptage et l'utilisation de messagers.
L'EI "étend en outre ses opérations aux pays limitrophes de l'Irak et de la Syrie, tout en continuant à encourager ses partisans plus éloignés à perpétrer des attaques. Simultanément, les combattants terroristes étrangers quittant l'Irak et la Syrie font croître la menace du terrorisme dans leur pays d'origine", s'est alarmé le secrétaire général adjoint.
Depuis sa déclaration de 2014 clamant son intention d'attaquer l'Europe, l'EI a mené une série d'opérations sur ce continent, certaines dirigées et facilitées par ses membres, d'autres légitimées par lui ou inspirées par sa propagande, a rappelé M. Feltman.
Si l'offensive militaire en Libye a délogé l'organisation terroriste de Syrte, la menace que cette dernière fait planer sur le pays et sur les voisins persiste, a-t-il prévenu, en faisant également part de l'implantation de l'EI, pour le moment limitée, en Afrique de l'Ouest. Mais son affidé Boko Haram œuvre à la diffusion de son influence néfaste au Nigeria et au-delà, grâce à plusieurs milliers de combattants opérationnels. M. Feltman a toutefois précisé que Boko Haram était affaibli par des difficultés financières et sa scission en deux factions rivales.
Le secrétaire général adjoint a ensuite fait un bilan des mesures prises au cours des quatre derniers mois par les Etats membres, priés par le Conseil de sécurité de se doter de lois et de mécanismes facilitant une coopération internationale aussi large que possible dans les domaines judiciaire et policier.
"Interpol confirme que l'échange d'informations entre les Etats s'est accru depuis la publication du précédent rapport", s'est félicité M. Feltman, en notant également les efforts de certains Etats pour se prémunir d'attaques terroristes et limiter les déplacements de combattants étrangers.
Au niveau mondial, des progrès ont aussi été accomplis, comme par exemple dans le cadre de l'Initiative de sécurité aux frontières, en matière de développement du programme de sécurité et de gestion des frontières et du système de renseignements préalables concernant les voyageurs.
Selon M. Feltman, la communauté internationale doit en faire davantage alors que l'EI reconfigure ses zones d'influence. Il a exhorté les Etats membres à redoubler d'efforts pour résoudre les conflits, en particulier ceux qui sont responsables de "l'aggravation spectaculaire du terrorisme mondial".