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Des chercheurs envisagent de geler artificiellement l'Arctique pour lutter contre la fonte des glaces

le Quotidien du Peuple en ligne | 15.02.2017 08h50

Steven Desch est physicien, et il a trouvé une solution originale aux problèmes qui affligent actuellement l'Arctique. Avec une équipe de collègues de l'Université d'Etat de l'Arizona, il veut reconstituer la glace de mer de la région, en diminution constante, en construisant 10 millions de pompes éoliennes sur la calotte glaciaire de l'Arctique. En hiver, elles seraient utilisées pour pomper l'eau jusqu'à la surface de la glace où elle gèlerait, épaississant la couche. Selon Steven Desch, les pompes pourraient ajouter un mètre supplémentaire de glace de mer à la couche actuelle de l'Arctique. Le maximum actuel dépasse rarement 2-3 mètres d'épaisseur et est constamment érodé du fait du changement climatique que connaît notre planète. « Une glace plus épaisse signifie une glace qui dure plus longtemps. À son tour, cela signifierait que le danger que toute glace de mer disparaisse de l'Arctique en été serait considérablement réduit », a-t-il déclaré à The Observer.

Avec son équipe, Steven Desch a mis en avant le projet dans un article qui vient d'être publié dans Earth's Future, le journal de l'American Geophysical Union, et ils ont établi un prix pour le projet : pas moins de 500 milliards de Dollars US... c'est une somme colossale. Toutefois, c'est le genre de dépenses qui peuvent s'avérer nécessaires si nous voulons mettre fin à la calamité à laquelle fait face à l'Arctique, a déclaré M. Desch, qui, comme beaucoup d'autres scientifiques, est alarmé par le changement de température dans la région. Elle se réchauffe deux fois plus vite que ne l'avaient prédit leurs modèles climatiques établis il y a seulement quelques années et l'Accord de Paris de 2015 visant à limiter le réchauffement climatique sera insuffisant pour empêcher la disparition complète de la banquise en été, peut-être dès 2030. « Notre seule stratégie à l'heure actuelle semble être de dire aux gens de cesser de brûler des combustibles fossiles », dit Steven Desch. « C'est une bonne idée, mais il faudra beaucoup plus que cela pour empêcher la glace de mer de l'Arctique de disparaître ».

La perte de la couverture de glace de mer de l'Arctique perturberait la vie dans la région, mettrait en péril bon nombre de ses espèces, de la morue arctique aux ours polaires, et détruirait un habitat primitif. Cela provoquerait également un réchauffement de la planète en faisant disparaître la glace qui réfléchit le rayonnement solaire dans l'espace, perturbant les conditions météorologiques à travers l'hémisphère Nord et faisant fondre le pergélisol, libérant encore plus de gaz carbonique dans l'atmosphère. D'où le plan de Steven Desch d'utiliser des pompes à vent pour amener l'eau qui est isolée du froid arctique jusqu'à sa surface glacée, où elle gèlera et épaissira la calotte glaciaire. Il n'est pas non plus le seul physicien à avoir ce genre de plans arctiques : d'autres projets visant à enrayer la perte de glace de mer incluent le blanchiment artificiel de l'Arctique en diffusant des particules d'aérosol de couleur claire pour refléter le rayonnement solaire dans l'espace, ou encore projeter de l'eau de mer dans l'atmosphère au-dessus de la région pour créer des nuages qui refléteront également la lumière du soleil loin de la surface.

Tous les projets sont très imaginatifs -mais aussi extrêmement coûteux. Mais le fait même qu'on les examine révèle à quel point les chercheurs sont désespérément inquiets au sujet de l'Arctique. « La situation suscite de vives inquiétudes », explique Julienne Stroeve, professeur à l'University College de Londres. « La situation est maintenant beaucoup plus grave que même nos pires scénarios l'avaient suggéré à l'origine ». En novembre dernier, lorsque la glace de mer aurait dû commencer à s'épaissir sur l'Arctique pendant l'hiver, la région s'est réchauffée. Les températures auraient dû avoir chuté à -25C, mais, à la place, elles ont atteint plusieurs degrés au-dessus du point de congélation. «Il a fait environ 20 degrés plus chaud que la normale sur la majeure partie de l'océan Arctique. C'est sans précédent », avait déclaré Jennifer Francis, chercheuse à l'Université Rutgers au Guardian en novembre. « Ces températures sont littéralement hors des graphiques où elles devraient être à cette époque de l'année. C'est assez terrifiant. L'Arctique a battu des records toute l'année. C'est excitant, mais aussi effrayant ».

Ceux qui sont sceptiques face au réchauffement soutiennent quant à eux que les pertes de glace dans l’Arctique sont compensées par des gains dans l’Antarctique. Mais en fait, affirme The Guardian, ce n’est pas le cas : plus d’un million de kilomètres carrés de glace ont été perdus dans les deux pôles Nord et Sud ensemble depuis trente ans. C'est dire s'il est vraiment urgent d'agir. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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