Dernière mise à jour à 09h06 le 21/02
La famine a été déclarée dans deux comtés du Soudan du Sud, selon une annonce faite par le gouvernement du Soudan du Sud et trois agences de l'ONU, selon qui cette calamité est le résultat d'une longue guerre civile et d'une crise économique enracinée qui a dévasté cette nation de l'Afrique de l'Est déchirée par la guerre. D'après des responsables de l'ONU, la classification officielle de famine met en évidence la souffrance humaine causée par trois années de guerre civile au Sud-Soudan. Le communiqué précise par ailleurs que plus de 100.000 personnes dans deux comtés de l'Etat d'Unity sont victimes de famine et il est à craindre que la famine se répande encore, 1 million d'autres Soudanais du Sud étant au bord de la famine.
« Nos pires craintes se sont réalisées », a déclaré Serge Tissot, chef de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture au Soudan du Sud, ajoutant que la guerre a perturbé ce pays pourtant si fertile, ce qui contraint de nombreux civils à ne compter que sur « tous les végétaux qu'ils peuvent trouver et tous les poissons qu'ils peuvent attraper ». D'après le rapport, près de 5,5 millions de personnes, soit environ 50% de la population du Soudan du Sud, risquent de se retrouver dans une insécurité alimentaire sévère et même de faire face à un risque de mort dans les prochains mois. Il a ajouté que près des trois quarts de tous les ménages du pays souffrent par ailleurs d'une alimentation insuffisante. Si l'aide alimentaire ne parvient pas aux enfants de toute urgence « beaucoup d'entre eux vont mourir », a déclaré Jeremy Hopkins, directeur de l'agence des enfants des Nations Unies au Soudan du Sud. Selon M. Hopkins, plus de 250 000 enfants sont sévèrement malnutris, ce qui signifie qu'ils sont en danger de mort.
Ce n'est pas la première fois que le Soudan du Sud est victime de la famine. Quand il a combattu pour acquérir son indépendance du Soudan en 1998, le territoire a souffert d'une famine stimulée par la guerre civile. De 70 000 à peut-être même plusieurs centaines de milliers de personnes sont mortes au cours de cette famine. Mais, selon un responsable de l'ONU, qui a reproché aux politiciens de ce pays la crise humanitaire, la déclaration de famine de lundi est uniquement due au Soudan du Sud. « Cette famine est due à l'homme », a déclaré Joyce Luma, chef du Programme alimentaire mondial au Soudan du Sud. « Il n'y a seulement que l'aide humanitaire qui peut arriver en l'absence de paix et de sécurité significative ». Selon le rapport, peut-être nulle part ailleurs la guerre civile a provoqué une baisse aussi drastique de la sécurité alimentaire du Soudan du Sud que dans l'Etat d'Equatoria central. Traditionnellement grenier du Sud-Soudan, l'Equatoria Central a été touché par les combats et les massacres ethniquement ciblés qui ont commencé en juillet 2016, ont provoqué le déplacement de plus d'un demi-million d'habitants et perturbé la production agricole.
La faim généralisée au Soudan du Sud a par ailleurs été aggravée par une crise économique. Le Sud-Soudan connaît une forte inflation et la valeur de sa monnaie a chuté de 800% dans la dernière année, ce qui a rendu la nourriture inabordable pour de nombreuses familles. Ainsi, lorsque l'Associated Press a visité la ville d'Aweil (Ouest du pays) en septembre, le prix des aliments avait été multiplié par 10 au cours des 12 mois précédents. Les responsables des Nations Unies ont également souligné que la faim dans le Sud-Soudan est encore plus choquante quand on sait à quel point les terres de ce pays sont fertiles. Au cours de sa conférence de presse d'adieux briefing en novembre en tant que chef de la mission des Nations Unies, Ellen Loj a déclaré que le Sud-Soudan dispose des ressources et du climat nécessaires pour se nourrir. « Quand je vole au-dessus de ce pays, je suis toujours surprise de voir toutes ces terres fertiles et qu'il n'y a rien », a déclaré Mme Loj. « Vous pouvez vous nourrir sans aucun problème et j'espère que la paix viendra au Soudan du Sud » a-t-elle conclu.