Dernière mise à jour à 14h11 le 18/02
Sarah Al-Souhaimi, directrice générale de la banque d'investissement NCB Capital, a été nommée jeudi présidente de la Bourse saoudienne -également connue sous le nom de Tadawul- la plus grande du Moyen-Orient, devenant la première femme à accéder à ce poste dans le royaume wahhabite, et remplaçant Khalid Al Rabiah, un fait notable dans un pays particulièrement rigoriste sur le plan religieux et qui n'accorde encore que peu de droits à ses citoyennes. Déjà première femme a prendre la tête d'une banque d'investissement saoudienne en 2014, NCB Capital, elle devrait également, selon une source proche de la nomination, conserver son poste au sein de cet établissement, qui est l'unité de banque d'investissement de la National Commercial Bank.
La nomination de Mme Al-Souhaimi est significatif pour l'Arabie saoudite, où le taux de chômage des femmes est plus de 34% et où les femmes ne sont pas autorisés à conduire. Les femmes ont aussi besoin du consentement d'un tuteur pour voyager à l'extérieur du pays ou se marier. Néanmoins, un changement est en train de se produire avec le nombre des femmes qui travaillent ayant augmenté de 50% entre 2010 et 2015, et alors qu'on voit de plus en plus de Saoudiennes entrer dans des secteurs à prédominance masculine comme la banque et l'ingénierie. Avant de rejoindre NCB Capital, Sarah Al-Souhaimi avait été directrice des investissements chez Jadwa Investment et gestionnaire de portefeuille senior au Samba Financial Group. Son père, Jammaz Al-Souhaimi, avait lui-même été le directeur de l'Autorité des marchés de capitaux, le régulateur du marché, jusqu'en 2006.
Sarah Al-Souhaimi, ancienne élève de l'Université Harvard, où elle a achevé un programme de gestion générale en 2015, et diplômée de l'Université du Roi Saud avec un diplôme en sciences administratives dans le domaine de la comptabilité, va désormais présider la principale Bourse du monde arabe à un moment crucial pour cette institution, qui se prépare à une cotation et espère obtenir un statut de marché émergent au sein des indices mondiaux MSCI. L'année prochaine devrait par ailleurs voir les débuts en Bourse de la Saudi Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne, dans ce qui s'annonce comme la plus importante offre publique de vente (IPO) de l'histoire.
La Bourse d'Arabie saoudite, qui pèse 439 milliards de Dollars US et s'est ouverte aux étrangers en 2015, cherche à attirer davantage d'investissements venus de l'étranger dans le cadre des plans du pays pour diversifier son économie en dehors du pétrole. Son ancien PDG, Khalid Al Hussan, avait déclaré à Bloomberg en janvier qu'elle travaillait avec le fournisseur d'indices MSCI Inc., espérant que l'octroi d'un statut de marché émergent permettra de déclencher des milliards de Dollars d'entrées. Au-delà de l'aspect purement financier, la nomination de Sarah Al-Souhaimi est en ligne avec l'ambitieux programme de réforme économique et sociale annoncé par le gouvernement saoudien l'an dernier, et dont l'un des objectifs est de développer le rôle des femmes dans l'économie et d'accroître leur participation à la main-d'œuvre à 30% contre 22% actuellement dans les années à venir.