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Le chinois vit : une langue millénaire à l’ère d’Internet (2)

La Chine au présent | 16.11.2015 16h32
Le chinois vit : une langue millénaire à l’ère d’Internet
星巴克 (xīn g bāk è), la traduction chinoise de Starbucks. (YU JIE)

Absorber des mots étrangers

« Notre vocabulaire doit sans cesse s'adapter à de nouvelles situations et modes de vie. Et cette adaptation se fait principalement par la création de termes nouveaux ou l'adoption, l'emprunt de mots provenant de langues étrangères », explique la linguiste allemande Doris Steffens, qui poursuit à l'Institut de la langue allemande à Mannheim des recherches sur les néologismes et les innovations en allemand. La plus grande partie du vocabulaire absorbé mondialement par les différentes langues locales provenait autrefois de l'anglais, explique la philologue.

Mais comment se produit l'évolution linguistique du chinois, une langue dont les modes de fonctionnement, l'écriture, la prononciation et la grammaire sont si fondamentalement différents de ceux des langues européennes apparentées entre elles, comme l'anglais, l'allemand, le français ou l'espagnol ?

Les reprises pures et simples de termes anglais comme par exemple smartphone, qui a été adopté tel quel par toutes les langues européennes (en allemand « das Smartphone », en français « le smartphone », en espagnol « el smartphone », etc), sont très rares en chinois. On peut pourtant en trouver quelques exemples : c'est ce qui s'est passé avec les applis (en chinois parlé, on épelle simplement les lettres A-P-P) ou les distributeurs de billets, les ATM (en chinois, ATM机 prononcer « A-T-M jī », soit littéralement « machine ATM »). On les trouve transcrits en toutes lettres latines dans de nombreux textes chinois.

Les Chinois ont bien plus souvent recours à des approximations phonétiques du terme anglais en utilisant les syllabes existant en chinois (un idéogramme égale une syllabe). La liste des nouvelles créations de ces dernières années est longue, et on peut citer 三明治 (sānmíngzhì, sandwich) , 咖啡 (kāfēi, café), 比萨 (bǐsà, pizza), 博客 (bókè, blog), 模特 (mótè, modèle), 巧克力 (qiǎokèlì, chocolat), 芝士 (zhīshì, cheese), 沙拉 (shālā, salade), 卡通 (kǎtōng, cartoon), 派对 (pàiduì, party), 酷 (kù, cool), 幽默 (yōumò, humour) ou 拜拜 (bàibai, bye-bye), parmi bien d'autres.

Les noms de sociétés ou les marques trouvent également leur équivalent en chinois, comme par exemple 麦当劳 (màidāngláo, McDonalds), 肯德基 (kěndéjī, KFC), 奥迪 (àodí, Audi) ou encore 西门子 (xīménsī, Siemens). L'enseigne du café Starbucks constitue une sorte de compromis à mi-chemin, puisque 星巴克 (xīngbākè) se compose d'une première syllabe 星 (xīng) qui signifie « étoile » tandis que les deux suivantes (巴克 bākè) représentent l'approximation phonétique chinoise de « bucks ».

Un autre mécanisme dont se sert le chinois pour adapter les expressions étrangères, c'est la traduction littérale : pour reprendre l'exemple déjà cité du smartphone, celui-ci se dit en chinois 智能手机 (zhìnéng shǒujī, soit « portable intelligent »). Internet se traduit 互联网 (hùliánwǎng, c'est à dire « le filet qui relie les uns aux autres »), un SMS 短信 (duǎnxìn, « courte lettre » ou encore, « nouvelle brève »), logiciel est la transposition littérale de l'anglais software, 软件 (ruǎnjiàn, « chose molle ») et hot dog, 热狗 (règǒu, « chien chaud »).

Mais les locuteurs du mandarin ont produit d'autres innovations encore pour parvenir à gérer les nouveautés de la vie et de l'environnement modernes. Le secret de ces nouvelles créations réside dans une combinaison de caractères existants et de leurs sens respectifs pour former le concept nécessaire. C'est ainsi qu'est née la « machine à main » (手机 shǒujī) qui n'est autre qu'un téléphone portable, le « cerveau électrique » (电脑 diànnǎo), c'est à dire l'ordinateur, ou encore la « parole électrique » (电话 diànhuà) qui représente, selon le contexte, le téléphone ou la conversation téléphonique.


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(Rédacteurs :Yin GAO, Wei SHAN)
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