Dernière mise à jour à 10h07 le 13/05
Dilma Rousseff, la présidente brésilienne qui vient d'être suspendue, a juré jeudi qu'elle se battrait pour prouver son innocence après que le Sénat ait voté pour sa comparution devant une juridiction pour avoir enfreint les lois budgétaires, une décision historique alimentée par une profonde récession et un tentaculaire scandale de corruption. En poste depuis 2011, Mme Rousseff a été remplacée par son vice-président, le centriste Michel Temer, qui lui a succédé comme président intérimaire pour la durée d'un procès devant le Sénat qui pourrait prendre jusqu'à six mois.
S'exprimant peu de temps avant qu'elle ne quitte le palais présidentiel du Planalto à Brasilia, Dilma Rousseff a déclaré à ses partisans qu'elle a été informée de sa suspension jeudi matin. Elle a réitéré ce qu'elle maintient depuis qu'une procédure de destitution a été lancée contre elle en décembre dernier par la chambre basse du Congrès : « Je peux avoir fait des erreurs mais je n'ai commis aucun crime », a déclaré une Dilma Rousseff en colère dans un discours, qualifiant la mise en accusation de « frauduleuse » et de « coup d'Etat ». Mme Rousseff, 68 ans, était flanquée de dizaines de ministres qui ont quitté son administration avec elle. Alors que beaucoup d'entre eux pleuraient, Dilma Rousseff est elle restée impassible.
« Je ne pensais pas qu'il serait nécessaire de se battre à nouveau contre un coup d'Etat dans ce pays », a déclaré à des centaines de supporters Dilma Rousseff, dans une référence à la lutte qu'elle mena dans sa jeunesse contre la dictature militaire au Brésil. « C'est une heure tragique pour notre pays », a déclaré Mme Rousseff, disant que sa suspension était une tentative menée par les conservateurs pour faire reculer les gains sociaux et économiques accordés par le Parti des travailleurs au cours de ses 13 années au pouvoir.
Après le vote du Sénat, des feux d'artifice ont éclaté dans les villes à travers le Brésil. La police a brièvement affronté des manifestants pro-Rousseff à Brasilia lors du vote, mais le pays était calme jeudi matin, où l'on a vu des personnes en joie dispersées à São Paulo et d'autres villes, drapées dans le drapeau vert, jaune et bleu du Brésil. Le successeur de Mme Rousseff, Michel Temer, 75 ans, un expert constitutionnel qui a passé des décennies au Congrès du Brésil, fait maintenant face au défi de la restauration de la croissance économique et du calme à un moment où les Brésiliens, de plus en plus polarisés, se demandent si leurs institutions pourront encore tenir leur promesse de stabilité. Outre un déficit géant, égal à plus de 10% de sa production économique annuelle, le Brésil souffre d'une hausse du chômage, d'investissements en chute libre et de prévisions d'une contraction de l'économie de plus de 3% cette année.