Dernière mise à jour à 16h20 le 21/02
(Xinhua/Gong Bing) |
Au cours de sa première mission diplomatique à Bruxelles, le vice-président américain Mike Pence a tenté de dissiper les inquiétudes de l'Union européenne (UE) concernant la position de la nouvelle administration américaine à son sujet. Toutefois, l'UE ne semble pas avoir été convaincue.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit avoir évoqué "trois questions clés" lors de son entretien avec M. Pence : l'ordre international, la sécurité et l'attitude de la nouvelle administration américaine vis-à-vis de l'UE. Selon le responsable européen, les réponses du vice-président étaient positives.
Toutefois, étant donné que le président Donald Trump a affirmé que l'UE était le "véhicule de l'Allemagne" et que l'OTAN était une organisation "obsolète", tout en se félicitant du Brexit, l'UE n'est pas certaine que M. Pence parle vraiment "au nom du président Trump".
Par ailleurs, la demande de l'administration Trump concernant un nouveau partage des dépenses liées à la défense n'a pas été très bien reçue en Europe.
Lors de son discours à la Conférence sur la sécurité de Munich la semaine dernière, M. Pence a réaffirmé le ferme soutien des Etats-Unis à l'OTAN, tout en confirmant la position de la nouvelle administration américaine, selon laquelle les membres de l'alliance doivent ajuster leurs dépenses de défense pour atteindre 2% du PIB. Sans quoi, les Etats-Unis devraient également ajuster leur engagement envers la sécurité de ses alliés, a prévenu le vice-président.
Cette technique du "bâton et de la carotte" n'est pas du goût de l'UE. Selon certaines informations, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, aurait affirmé à Munich que l'UE ne devait pas céder aux exigences de Etats-Unis, les investissements européens dans le développement et dans l'humanitaire étant aussi des investissements pour la sécurité.
En accord avec les propos de M. Juncker, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a remis en cause l'efficacité d'une augmentation des capacités militaires pour renforcer la sécurité.
Insistant sur une "manière européenne", Mme Mogherini a affirmé à Munich que "quand on investit dans le développement, quand on investit dans la lutte contre le changement climatique, on investit aussi dans notre sécurité".
La représentante de la diplomatie européenne a même prévenu que l'Europe pourrait faire son propre chemin. "Ce qui signifie que l'Union européenne est en train de travailler pour sa défense propre - indépendamment de l'OTAN", a annoncé Mme Mogherini, ajoutant que l'UE était en train de mettre en place un fonds de défense pour financer les dépenses communes des Etats membres.
L'assurance avec laquelle les Etats-Unis ont exigé un nouveau partage des dépenses de l'OTAN a suscité une vive opposition au sein de l'UE, qui prépare désormais une défense indépendante.
Par ailleurs, la politique de M. Trump "L'Amérique d'abord" risque de mener l'UE et les Etats-Unis vers une guerre commerciale.
Après sa prise de fonction, M. Trump a en effet promis de mettre en place cette politique et d'adopter des mesures très fermes contre les pays qui ont d'importants excédents commerciaux avec les Etats-Unis. Par conséquent, l'Allemagne, avec un excédent commercial de 64,8 milliards de dollars, est devenue l'une des cibles principales.
Etant donné les accusations de M. Trump contre l'Allemagne, qui selon lui "manipule l'euro", et la réciprocité promue par la chancelière Angela Merkel, un conflit commercial, voire une guerre commerciale est probable. Une guerre entre Washington et Berlin, leader européen, affectera certainement les autres pays de la zone.
Il se pourrait que l'administration Trump rompe avec plus de 70 ans de bonnes relations transatlantiques basées sur des valeurs communes. L'UE aimerait vraiment que les actions de M. Trump suivent les paroles de M. Pence.