Dernière mise à jour à 10h21 le 20/04
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron en visite à Berlin se sont entendus jeudi pour prendre des décisions importantes sur les réformes de la zone euro d'ici juin.
"Nous avons besoin d'un débat ouvert et à la fin la capacité de faire des compromis", a déclaré Mme Merkel lors de la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec M. Macron, avant de promettre qu'un accord serait atteint d'ici l'été.
Elle a également averti que l'Europe ne pourrait représenter ses intérêts sur la scène internationale que si elle était unie. Les deux dirigeants doivent également préparer les politiques européennes en matière d'asile et d'immigration.
M. Macron a déclaré quant à lui qu'il souhaitait présenter un front uni sur la réforme de la zone euro d'ici juin, ajoutant que la France et l'Allemagne veulent tous deux améliorer la zone de la monnaie unique d'ici le début de l'été.
Pour M. Macron, il faut transformer le fonds de renflouement actuel de l'Europe en un Fonds Monétaire Européen (FME) et créer un poste de ministre européen des Finances. Il est toutefois difficile pour Mme Merkel d'abonder dans ce sens car son bloc conservateur au pouvoir refuse toute réforme induisant plus de fonds allemands.
Récemment, Berlin a commencé à revenir sur le soutien qu'il apportait notamment au Fonds Monétaire Européen, au budget partagé de la zone euro et au mécanisme d'assurance des dépôts, considérés comme nécessaires pour l'aboutissement de l'Union Economique et Monétaire de l'Union Européenne (UEM) par de nombreux experts.
Repoussant les voix sceptiques s'élevant au sein de sa coalition politique au pouvoir, Mme Merkel a réitéré son soutien à une union bancaire. La chancelière a souligné que l'Allemagne ne serait pas une barrière au changement, car elle est convaincue qu'un "fort package de réformes" peut encore être décidé avant le sommet européen prévu en juin.
Reste à voir si Mme Merkel pourrait vraiment tenir ses promesses et ainsi préserver sa relation cordiale avec M. Macron. Nombreux sont ceux au sein de l'alliance CDU/CSU qui s'opposent catégoriquement à la création d'un budget de la zone euro.
Par ailleurs, le CDU/CSU s'inquiète de la transformation du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) en un Fonds Monétaire Européen (FME) permanent. L'alliance craint que cela n'affaiblisse encore davantage la souveraineté des Etats membres bien que l'idée ait été évoquée à l'origine par l'ancien ministre allemand des Finances et homme politique du CDU, Wolfgang Schaeuble.
Parallèlement, il existe cependant plusieurs domaines de réformes potentielles sur lesquelles Berlin et Paris s'accordent pour l'instant. Les deux pays sont prêts à élargir le Système d'asile commun européen et à rendre des éléments existants déjà sur papier plus efficaces en pratique.
L'Allemagne et la France sont par ailleurs d'accord en ce qui concerne la promotion de la coopération européenne en matière de défense. L'idée véhiculée par M. Macron pour développer une doctrine militaire conjointe et doter les projets européens de défense d'un budget spécial, fait écho aux avertissements émis par la chancelière allemande que l'Europe ne peut plus dépendre de Washington pour assurer sa sécurité physique dans un monde de plus en plus multipolaire et incertain.
Enfin, l'axe franco-allemand poursuit ses efforts pour élaborer un nouveau système de taxation pour l'économie numérique, afin de créer un terrain de jeu plus compétitif. A cette fin, M. Macron a appelé à un taux de taxation d'entreprise minimum contraignant dans l'UE, alors que le nouveau gouvernement allemand a apporté son soutien à "une taxation juste des grandes multinationales comme Google, Apple, Facebook et Amazon" afin d'empêcher un nivellement par le bas par les Etats membres de l'UE.