Dernière mise à jour à 09h22 le 18/01
A l'extérieur d'Overkill, un magasin de chaussures branché du quartier de Kreuzberg à Berlin, le petit-déjeuner est servi : des Mettbrötchen, du porc cru émincé sur un petit pain. « Ce n'est pas un petit-déjeuner hipster », explique Julian Kalitta de Overkill « C'est typique du vieux Berlin, un truc dont on pouvez imaginer que l'un des chauffeurs de tram de la ville en mange avant le travail ». C'était une collation idéale pour les centaines de personnes qui ont littéralement campé dans la neige, certains depuis le 13 janvier, attendant la sortie limitée de 500 paires de la nouvelle EQT Support 93/Berlin shoe, une collaboration improbable entre Adidas et BVG, les transports de la capitale allemande.
Les chaussures, qui présentent le même motif bariolé utilisé sur les sièges de métro de la ville, font également office de laissez-passer de transports en commun annuel. Celui-ci est intégré dans la languette des chaussures, qui sont décorées de façon à ressembler à une version en tissu du ticket annuel BVG, et peuvent être utilisées comme n'importe quel billet ordinaire dans le bus, le tram et le métro des zones A et B. A cette différence près, et c'est aussi ce qui expliquait la queue « dragonnesque » devant la boutique, c'est que le ticket annuel le moins cher disponible auprès de la BVG est actuellement de 728 Euros, tandis que les chaussures ne coûtent que 180 Euros.
En conséquence, la vente a attiré un mélange inhabituel d'amateurs de chaussures en série limitée et ceux qui cherchent simplement à faire des économies sur leur trajet quotidien. « Nous voyons souvent des gens camper à l'extérieur pour de nouvelles chaussures, mais c'est différent », dit Julian Kalitta. « Ce ne sont pas seulement ceux qu'on appelle les "sneakerheads", ces fameux collectionneurs ». Mihai Vătafu, 28 ans, graphiste originaire de Bucarest, a campé dans l'arrêt de bus en face de la boutique depuis le 15 janvier : «Je suis tombé amoureux de la ville quand je suis arrivé ici il y a six mois et j'ai toujours aimé les trains », a-t-il dit. « Le port de ces chaussures sera une affirmation, peu importe d'où vous venez, elles représenteront ce que vous ressentez de la ville et j'attends le moment où un contrôleur montera dans le train et pointer mes chaussures ».
La collaboration entre une entreprise de transports et une entreprise de vêtements de sport est inhabituelle, mais la BVG a vu là une manière d'encourager la fréquentation de son réseau qui, bien qu'ayant enregistré 1 milliard de voyages l'année dernière, accuse ses 90 ans. « La motivation derrière cette collaboration est vraiment d'amener les jeunes dans les transports publics », dit Petra Reetz, de la BVG, qui a dit avoir été d'abord sceptique à l'idée. « J'ai dit : "Nous sommes un système de transport public, pas Michael Jordan". Mais dans une grande ville comme Berlin, la qualité de vie et la qualité de l'air sont importantes, nous voulions dire aux jeunes que les transports en commun sont cool et qu'ils n'ont pas besoin d'acheter une voiture ».