Dernière mise à jour à 17h53 le 26/09
Au cours d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité l'ONU tenue à la suite d"'une des pires" semaines en Syrie en près de six ans de combat, l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura a promis de poursuivre son rôle tout en plaidant avec le conseil "de mettre en place une cessation des hostilités en Syrie".
Cette réunion, qui portait sur les attaques syriennes accrues contre les "terroristes" dans la "seconde capitale" du pays, a été marquée par une sortie des ambassadeurs de France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis lorsque l'ambassadeur syrien Bachar Ja'afari a déclaré : "Le gouvernement syrien va reprendre toute la ville d'Alep. La ville entière".
"Ce sont en effet des jours épouvantables", a déploré Staffan de Mistura, pour la Syrie et "pour le peuple d'Alep en particulier. La semaine passée a été l'une des pires en Syrie depuis le début de ce conflit dévastateur il y a près de six ans".
Il a demandé au conseil de faire pression pour une cessation des violences, ainsi que pour la protection des civils et des infrastructures civiles, des pauses hebdomadaires de 48 heures dans les combats pour l'acheminement d'aide humanitaire "sans conditions préalables, ni du gouvernement, ni de l'opposition", et "de faire pression pour des évacuations médicales (...) de l'est d'Alep".
"Alors que des frappes aériennes intensives ont été signalées vendredi après l'annonce du début d'une offensive du gouvernement, une annonce a été faite par le gouvernement lui-même", a déclaré M. de Mistura, ce qui a entraîné "des dizaines de morts et de blessés civils, dont de nombreux enfants".
"Nous avons constaté que la situation dans l'est d'Alep avait atteint un nouveau niveau d'horreur", a déclaré le haut diplomate.
"Je suis toujours convaincu que nous pouvons inverser la situation", a-t-il indiqué. "Nous l'avons prouvé plus d'une fois auparavant."
M. de Mistura a avoué avoir été interrogé à maintes reprises : "'Au point où l'on en est, pourquoi ne démissionnez-vous pas? Franchement tout cela n'aboutira à rien et cela enverra un signal fort'. Non, je ne vais pas démissionner. Parce que toute action suggérant ma démission serait un signal que la communauté internationale abandonne les Syriens, et nous n'abandonnera pas les Syriens, et vous non plus".
Les 15 membres du conseil ont tous pris la parole au cours de la session, et beaucoup d'entre eux ont aligné leur discours sur ceux du Royaume-Uni, de la France et des Etats-Unis -- qui ont convoqué la réunion -- tandis que quelques autres se sont mis du côté de la Russie, affirmant que ce qui a transformé la guerre civile syrienne en une guerre par procuration sont des restes de la Guerre froide. Quelques-uns des Etats participants ont été plutôt directs et peu diplomatiques, citant les nations qu'ils estiment être en tort.
La Russie a déclaré qu'elle avait été invitée par la Syrie pour aider à combattre les terroristes, tandis que l'Occident a affirmé qu'il ne soutenait que les rebelles "modérés", et non les terroristes.
M. Ja'afari a insisté que le gouvernement syrien ne fait que se défendre contre les terroristes, mais q'il était prêt à s'asseoir avec les représentants des groupes d'opposition non-terroristes.
Il a déclaré que le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis, "pleurent et versent des larmes de crocodile" pour Alep, et a posé la question de savoir si le Royaume-Uni abandonnerait l'Ecosse, si la France abandonnerait la Corse, ou si "les Etats-Unis abandonneraient le Texas".
"Le gouvernement syrien ne renoncera pas à un seul pouce de notre territoire", a déclaré l'envoyé de Damas, qui a accusé les trois pays occidentaux d'avoir qualifié à tort les groupes armés d'opposition en Syrie de "modérés".
L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft et l'ambassadeur français François Delattre ont quitté la chambre du conseil durant le discours de l'ambassadeur syrien.
"Nous devons décider de la manière d'arrêter tout cela, maintenant", a lancé sur Twitter M. Rycroft à propos du siège d'Alep. "L'ambassadeur syrien à l'ONU n'est pas intéressé par cette décision. Voilà pourquoi je viens de sortir" du Conseil de sécurité de l'ONU.
"La France, avec les États-Unis et le Royaume-Uni, ont convoqué cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité car nous sommes tout simplement horrifiés par ce que nous observons à Alep", a déclaré M. Delattre à la presse après sa sortie.
"Aujourd'hui, le régime syrien et ses alliés envoient un message fort et clair au monde", a déclaré l'envoyé de Paris. "Ils sont déterminés à assiéger, affamer, et bombarder Alep jusqu'à ce qu'ils atteignent leur objectif militaire : l'éradication de l'opposition. Voilà ce que ce siège signifie. Il est clair que les diverses négociations ne sont rien d'autre dans l'esprit du régime de Damas qu'un écran de fumée".
"Voilà pourquoi la France appelle à la mise en œuvre immédiate de l'accord américano-russe, en commençant par Alep. Alep doit être la première en termes de cessation des hostilités et d'accès humanitaire".